Stage photo Papillons de montagne - Retour de séjour
Photographier les papillons
Après un test en 2020 sur un format court à la journée, j’inaugurais au début de l’été 2021 ce nouveau stage photo Papillons et fleurs de montagne, sur une durée de 4 jours. Deux séjours ont alors été organisés entre fin juin et début juillet. Le choix de la période, fruit de mes repérages et expériences aux fils des années, était optimal pour espérer croiser la plupart des espèces de lépidoptères des Bauges, dont le convoité Apollon, roi des papillons montagnards. Encore fallait-il que la météo soit conciliante : dans l’idéal, un temps ensoleillé, avec des nuits fraîches. Ce dernier point est vraiment important car c’est cette fraicheur nocturne qui permet pendant les premières heures du jour de photographier les papillons facilement sans que ceux-ci ne s’envolent à peine les aurait-on approchés. Mais la météo, en montagne…
Orage, ô désespoir
La veille du premier stage, alors que je remontais dans les Bauges avec l’un des participants préalablement récupéré à la gare de Chambéry, je lui faisais observer l’imposant orage qui déversait sa pluie en rideaux sur le nord de la Chartreuse. Il venait droit sur nous à grande vitesse. Je savais que la météo durant le stage serai bien meilleure, mais dans quel état allions nous trouver les papillons?
Et bien il aura fallu pas mal d’obstination pour les dégotter, tant ils s’étaient cachés pour échapper aux caprices du ciel de la veille. Sur les secteurs proches du gîte, nous n’avions eu qu’une forte pluie. En ouvrant bien les yeux, nous avons trouvé à photographier quelques espèces courantes: Gazé, Demi-deuil, Azuré, ainsi qu’un petit papillon, probablement un Procris, au corp bleu métallisé, resplendissant. Mais je savais que la grêle avait frappé fortement d’autres coins du massif des Bauges, là où justement nous devions aller rechercher le fameux Parnassius apollo. Nous avons tenté notre chance, sur mes différents spots et l’état de la végétation trahissait clairement le brutalité de la grêle. Feuilles et fleurs hachées et insectes quasi absent. Un seul Apollon subsistait, bien abîmé, quel dommage…
Heureusement la nature est résiliente et en faisant contre mauvaise fortune bon coeur, nous avons toute de même pu réaliser quelques photos intéressantes durant ce premier stage, apprendre et approfondir la technique, affûter son regard, même si tous nous regrettions de ne pas mieux immortaliser l’espère phare du stage, la majestueux Apollon.
Renaissance
Après le premier stage photo chamboulé par ce gros orage, j’espérais que la nature ait le temps de se régénérer afin d’offrir aux stagiaires du second séjour un peu plus de choix dans les spécimens. Prudent, j’avais prévenu tout le monde de la situation précédente et je scrutais avec crainte les bulletins météo. Tout semblait enfin s’accorder pour que nous puissions profiter pleinement de la biodiversité du parc naturel des Bauges. Et nous n’avons pas été déçu! En plus des papillons relativement courants (bien que cette notion soit très relative vu la raréfaction globale des insectes): Gazés et Demi-deuils en nombre, Zygènes maculés de rouge sang, quelques coléoptères et orthoptères sympas, nous avons également profité de la beauté de certaines fleurs. La délicate Astrance, qui se prête si bien au jeu de le plongée et du flou, ou quelques belles orchidées tardives telles que la ravissante Céphalanthère rouge, la Nigritelle et son parfum suave ou encore l’Epipactis des marais…
Et l’Apollon ?
Là aussi, ce fut un festival! De nouveaux imagos (des papillons adultes) avaient émergé et repeuplaient les biotopes propices à cette espèce. Car le Parnassius apollo ne se rencontre pas au hasard, n’importe où. Il vit non loin de sa plante hôte, c’est à dire celle qui va servir de nourriture aux chenilles. Il s’agit principalement de plantes succulentes du genre Sedum, qui poussent souvent dans les zones pierreuses, assez chaudes. Il faut donc rechercher de petits pierriers, et affleurements, avec du Sedum. Comble de la niche écologique, la chenille s’abrite puis effectue sa métamorphose sous les pierres, ni trop petites nos trop grosses. Une fois qu’on a repéré le milieu type de cette espèce, il devient ensuite assez facile de partir à sa recherche, en ciblant les zones remplissant les différents critères. Plus qu’un simple stage photo, nous avons à cœur, chez Un Œil sur la Nature, de transmettre également des connaissances naturalistes, essentielles à nos yeux. On photographie mieux ce qu’on connait bien.
C’est ainsi que sur deux des trois secteurs prospectés, nous avons observé et photographié plus d’une dizaine d’Apollons différents, tous très frais, avec des ailes encore parfaites, notamment ces fameuses ocelles rouges et blanches, cerclées de noir. Avec précaution, nous avons approché ce magnifique papillon, recherché le meilleur angle pour le mettre en valeur. Jouer avec l’arrière plan, utiliser l’avant plan pour créer du flou, de la matière. Cadrer à contre-pour et ainsi faire ressortir les nervures et l’aspect diaphane des ailes de l’Apollon. Nous avons même mis en scène, en un mini studio de fortune, le magnifique papillon sur un fond blanc pour des photos en high-key. Mais toujours, nous avons été très respectueux de ce fragile animal, qui est en plus une espèce protégée.