Voyage photo au Ladakh - Retour de séjour
Après un premier voyage post-covid au Ladakh en 2023 en effectif très réduit, janvier 2024 marquait enfin un grand retour de cette expédition photographique au confins de l’Himalaya indien! Avec une fine équipe de photographes assez internationale, puisque constituée de 3 français, 3 roumains, 1 suisse et 1 belge, voilà qui promettait déjà une bonne ambiance avec nos compagnons Ladakhis ! C’est ainsi que je retrouvais à Delhi tout le groupe au 1er janvier, pour bien démarrer l’année…
Altitude, repos, acclimatation
Chaque voyage photo au Ladakh commence invariablement par une période d’acclimatation. Débarquer de l’avion sur le tarmac de Leh, la capitale, à 3500m d’altitude, impose de calmer le jeu d’entrée: il faut se résoudre à tout faire un peu plus lentement, faute de quoi, la respiration s’emballe, la tête tourne. Une fois tous nos nombreux bagages récupérés, nous sommes accueillis par Tsewang et nos chauffeurs, pour être conduits à notre hébergement où je retrouve avec plaisir Gyaltson et sa famille. Après un petit déjeuner, j’installe le groupe dans les chambres et nous nous reposons d’un voyage long et toujours fatigant. L’après-midi et les deux jours suivants, nous découvrons la ville, son marché, ainsi que les rives de l’Indus et quelques monastères bouddhistes. C’est l’occasion de faire quelques emplettes de souvenirs, de rechercher des oiseaux spécifiques à la région et de découvrir les richesses culturelles et architecturales des monastères. Ce temps permet surtout à notre corps de s’adapter à cet air raréfié, et d’amorcer la production de globules rouges pour rendre notre respiration plus efficace. C’est une étape indispensable pour la bonne continuation de notre voyage et parfois, il suffit de pas grand chose pour que ça déraille. L’un des membres du groupe en a fait l’expérience cette année: arrivé avec une petite toux un peu grasse, elle a empiré rapidement. Au soir du troisième jour, sa saturation O2 sanguin était trop basse et c’est donc à l’hôpital de Leh, sous oxygène et avec un « traitement de cheval » pour empêcher un éventuel œdème pulmonaire qu’il s’est retrouvé pour la nuit. 24h de repos supplémentaire lui auront été nécessaires pour nous rejoindre à l’étape suivante du voyage. On ne badine pas avec la sécurité et fort heureusement, l’hôpital est moderne et bien équipé, la prise en charge parfaite et la suite du voyage a pu se dérouler sans plus de problème pour cette personne.
Hemis national parc, l’antre de la panthère des neiges
Nous voilà à Rumbak, petit village montagnard de quelques familles, flanqué dans une jolie vallée à quelques 4000m d’altitude, dans le parc national de Hemis. Nous sommes ici pour tenter d’observer et photographier la panthère des neiges, l’un des félins les plus mystérieux qui soit. Habituellement, en hiver la faune quitte les plus hautes cimes pour se rapprocher des altitudes où nous sommes. Mais cet hiver, il n’y a pas du tout de neige, au moins jusqu’à 5500/5700m, ceci n’est clairement pas à notre avantage. Durant 3 jours, nous observons des bharals, ces ongulés à mi-chemin entre caprins et ovins, qui ici représentent la proie principale des panthères des neiges. Mais ils restent globalement assez haut sur les pentes des montagnes environnantes. On se console en regardant le ballet aérien des gypaètes barbus, aigles royaux et vautours de l’Himalaya, ou en photographiant les perdrix chukar. Ceci étant les montagnes semblent bien vides…
Finalement Chamba et Norbu, nos deux guides naturalistes, à force de scruter la moindre crête, le moindre rocher, finissent par découvrir une femelle de panthère des neiges, encore suitée de ses deux jeunes, bien que de taille quasi adulte! La joie gagne le groupe et deux stratégies se mettent en place. Une partie d’entre-nous va gravir une petite sente dans une pente raide pour tenter d’approcher un peu la zone où se reposent ces trois panthères. L’autre partie du groupe choisit plutôt de prendre encore du recul : quite à être loin, autant être mieux positionné pour ne pas les perdre de vue derrière une bosse. Grace à la liaison radio, l’équipe distante nous informe quand nous ne voyons plus vraiment les félins, en pleine sieste sur un replat. En fin d’après-midi, les panthères s’activent, les jeunes se chamaillent, la femelle marque son territoire en se roulant dans une zone de poussière au pied d’un escarpement. La scène reste lointaine, peut-être 500m, mais le spectacle est saisissant et le décor magnifique!
Le lendemain, dernier jour dans le secteur, c’est un beau mâle qui jouera aux ombres chinoises sur une crête, au dessus de notre point d’observation. Pas de grande proximité cette fois encore, mais tout le groupe comprend déjà la chance que la nature nous a offert : voir quatre panthères des neiges, ce n’est pas si anodin! Demain, nous redescendrons à Leh, en profitant du festival religieux du monastère de Spituk : un événement haut en couleurs, durant lequel les moines pratiquent des danses masquées, dans un monastère plein comme un oeuf d’une population joyeuse et bigarrée.
Direction le Chang Tang, aux portes du Tibet
Pour cette seconde partie, notre voyage prend un peu des airs d’expédition. De bon matin, nous chargeons les véhicules et nous prenons la route plein est, en remontant le cours de l’Indus. Par endroit, le fleuve est totalement pris dans les glaces. Kilomètres après kilomètres, doucement nous nous élevons. Ce soir nous serons à Hanle, petit village planté dans une immense plaine à 4300m. En 2020, puis en 2023, nous avions pu faire une mini-incursion jusqu’à ce far-east du Ladakh. Bien trop proche de la frontière avec la Chine (côté Tibet), l’Inde interdisait pour le moment aux touristes occidentaux de rester pour la nuit. Cette interdiction enfin levée, cette année nous allons rester cinq nuits sur place pour mieux profiter des lieux. Assez vite, c’est mon tour de tomber un peu malade. Un espèce de rhume bizarre, des insomnies, très vite je suis épuisé et un peu à côté de mes pompes. Heureusement notre équipe ladakhie assure et nos journées sont bien remplies.
Ici sur le troisième pôle (c’est ainsi qu’est considéré le Chang Tang), une faune bien différente survit dans des conditions assez extrêmes de froid et d’aridité. Si les kiangs, de magnifiques équidés sauvages sont aisément observés, il nous faudra l’obstination de Chamba, Norbu et toute l’équipe pour enfin observer et photographier dans de bonnes conditions le chat de Pallas. Deux heures durant, la petite femelle se toilette, nous observe depuis son promontoire. C’est finalement une pie qui l’obligera à se déplacer! Nous serons également comblés par plusieurs observations des loups gris du Tibet. Une meute de onze individus se laissera photographier alors qu’elle tente de cerner un petit groupe de chevaux. Avons-nous sauvé provisoirement la mise de ces derniers avec notre présence, difficile à dire, mais les loups ne semblaient pas très effarouchés, pourtant nous étions en pleine journée!
Lors d’une excursion avec les véhicules, sur la route du Norbu La, un col à 5300m, nous observons une bonne trentaine de gazelles du Tibet. Hélas, le contraste entre l’air très froid et le rayonnement solaire intense produit une vibration de la couche d’air au niveau du sol. Ceci va gâcher la plupart de nos images. En revanche, nous ferons un très belle observation de renard du Tibet, avec cette fois un air bien stable.
Notre moisson sur le secteur de Hanle s’avère donc très bonne puisque nous aurons observé et photographié toutes les espèces que nous souhaitions voir. Notre connaissance des lieux s’affinant, la promesse de photos intéressantes se fait de plus en plus précise. Vivement l’année prochaine!
Envie de découvrir ces lieux sauvages et ces espèces emblématiques, retrouvez notre voyage photo au coeur de l’Himalaya -> https://www.unoeilsurlanature.com/project/voyage-photo-ladakh-au-royaume-de-la-panthere-des-neiges/