Voyage photo Ladakh, le pays des panthères des neiges - Retour de séjour
31 janvier 2020, je m’envole pour la cinquième fois en voyage photo panthère des neiges au Ladakh.
Cette année encore, j’ai le plaisir de guider un voyage photo au Ladakh, dans ces hautes terres himalayennes, avec un petit groupe de cinq photographes. Nous nous retrouvons tous sans difficulté, au milieu de la nuit à l’aéroport international Indira Gandhi, à Delhi. Après les rapides formalités douanières pour faire tamponner nos visas, nous récupérons nos bagages pour rejoindre le secteur des vols domestiques. Ici nous patientons jusqu’à l’aube pour enfin embarquer dans l’avion qui, survolant l’immense barrière de l’Himalaya, va nous conduire à Leh, capitale du Ladakh. A la sortie de l’avion, l’air froid nous pique le nez, il fait un bon -15C° ! Après quelques paperasses pour nous identifier aux autorités locales avec la menace du coronavirus, je retrouve avec joie mes amis et partenaires ladakhis. Un rapide transfert en voiture et nous voilà dans notre guesthouse, accueilli par Gyaltson et sa femme. L’altitude à Leh étant d’environ 3500/3600m, il n’est pas question ce matin de s’activer de trop. Après un bon petit déjeuner, il nous faut nous reposer de cette nuit blanche et laisser un peu de répit à notre organisme pour qu’il puisse s’acclimater.
Acclimatation à l’altitude
Les 3 premières journées du voyage sont dédiées à notre acclimatation. Notre corps comprend assez vite qu’il nous manque de l’oxygène. Il compense d’abord en accélérant le rythme cardio-respiratoire, puis met en route une série de réactions physiologiques pour produire des globules rouges. Il est alors essentiel de très bien s’hydrater pour conserver un sang fluide et ne pas trop solliciter notre cœur.
Mon petit groupe découvre le centre de Leh, le bazar, avec ses nombreuses boutiques. On y trouve de tout, y compris des tas de souvenirs, plus ou moins locaux. Nous faisons nos premières observations ornithologiques sur les rives de l’Indus. Cette année, outre les superbes Rougequeues de Güldenstädt, nous croiserons un beau groupe de Bec d’ibis tibétain, un drôle d’oiseau endémique des cours d’eau de cette région du monde. Nous ne manquons évidement pas d’assister à la «puja» (la prière matinale) du monastère de Tiksey : un moment toujours assez intense, immergé dans les prières des mantras, à siroter notre thé au beurre salé.
Départ pour la montagne
Au matin du jour 4, l’oxymètre indiquant que chacun s’acclimate tranquillement, nous quittons Leh. Direction le petit village de Rumbak, centre névralgique de l’écotourisme lié à la panthère des neiges. Nous passerons huit nuits dans le village, hébergés dans 3 familles par groupe de deux. Namgyal Raja sera notre guide naturaliste, quand à Kunzang et Kalyan, ils viennent nous aider dans la logistique quotidienne. Dès le premier soir, c’est le branle-bas de combat : une panthère avec deux jeunes vient d’être décelée sur les pentes qui dominent le village. Mais il fait déjà bien trop sombre, le temps de se ré-équiper pour le froid mordant, nous décidons de rester au chaud dans les maisons. Fort de cette observation, ce premier repas se fait dans l’espérance du lendemain : cette femelle sera peut-être encore dans les parages demain matin et avec la neige qui est bien présente cette année, vais-je enfin pouvoir réaliser une photo de panthère des neiges dans un décor blanc, peut-être… ?
Savoir rester zen
Nous allons observer la panthère des neiges presque tous les jours : individu solitaire (probablement un mâle), une autre femelle également suitée de deux jeunes, qui jouent dans la neige. Mais toutes resteront hors de portée pour espérer faire des photos vraiment intéressantes. C’est le jeu, la règle peut sembler dure, mais ici c’est l’animal qui décide s’il approche et pas le contraire. Même les bharals resteront assez étonnamment distants cette année. D’après Raja, la végétation en altitude (comprendre entre 4500 et 5000m) a bien profité de l’hiver enneigé de 2019 et en conséquence, les ongulés sauvages n’ont pas besoin de gagner les fonds des vallées. Les panthères, préférant dominer leurs proies, restent donc elles aussi sur les cimes.. Nous nous consolons en passant de merveilleux moments d’observations naturalistes, l’oeil rivé sur les lunettes ou dans les jumelles.
Les perdrix chukar et du Tibet, les aigles royaux et les gypaètes animent le reste des journées. Nous aurons aussi le plaisir d’observer un lynx, lointain lui aussi et de nombreuse traces de loup du Tibet.
Exploration du Chang Tang
Le petit (ou gros) plus de ce voyage au Ladakh, c’est l’extension au Chang Tang. Là où les autres organisateurs de séjours se bornent à rester centrés sur la panthère des neiges dans ses secteurs bien connus (Rumbak ou Ulley), j’ai à cœur de proposer une découverte plus approfondie de l’écosystème trans-himalayen. Explorer le Chang Tang, c’est à dire, le rebord indien du vaste plateau tibétain, est une aventure à chaque fois bien différente. En 2019, une importante chute de neige nous avait barré la route vers les hauts plateaux. Cette année j’espère que la météo sera conciliante car depuis l’été, de nouveaux secteurs, tout proche de la frontière sino-tibétaine, sont autorisés. Je rêve depuis de si longues années de pouvoir explorer ces zones !!
Nous partons donc pour trois jours dans ce « far-east » du Ladakh. Un détour en direction du lac Tso Kar, que je connais déjà bien, nous permet de photographier un beau groupe de Tadorne casarca, un beau canard qui trouve refuge dans les sources chaudes du Puga Sumdo. En gravissant le col du Pologonka (à 4955m!!), une belle troupe de Tétraogalles du Tibet, mais ils s’effarouchent trop vite pour que nous ayons le temps de leur tirer le portrait. Nous recherchons les kiangs, un superbe équidé sauvage… C’est finalement de l’autre côté du col que nous surprenons un loup et un groupe de vautours de l’Himalaya accompagnés de deux gypaètes barbus, affairés sur les restes d’une carcasse. Le loup s’enfuit immédiatement.
Après de nombreuses photos des vautours, nous quittons les « affuts-voitures » pour mener l’enquête. Nous suspections que les loups avaient croqués un argali du Tibet, l’un des mouflons les plus rares, ici encore présent. Mais en fait, c’est un crane et une peau de kiang que se disputaient les charognards !
Nous levons les yeux, scrutons les pentes alentours, plus de trace du loup, bien trop rusé. Par contre un petit groupe de kiang se balade. Essoufflés (nous sommes à 4700m!), nous parvenons à nous rapprocher un peu tandis que des bourrasques de vent soulève de la neige, l’ambiance est superbe !
Le lendemain, nous explorons les ex-secteurs interdits, à moins de 30 km du Tibet. Nous venons rechercher ici le chat de Pallas, un petit félin avec une tête de Gremlins. Raja, qui est originaire de la région, connait des coins, et avec Issy et Chitta, ils ont déjà fait des observations, mais pas en hiver. Malgré d’intenses recherches, le chat de Pallas restera invisible. Par contre les kiangs se montrent en nombre, ainsi qu’un hibou grand-duc flegmatique, siestant dans son anfractuosité rocheuse.
Le voyage arrive à sa fin, nous rentrons sur Leh
Il nous faut boucler nos bagages, trouver comment y faire entrer les souvenirs ! Nous remercions chaleureusement toute l’équipe qui nous aura une fois de plus permis de réaliser cette superbe aventure ! Je prends rendez-vous pour l’année prochaine… Sunny nous attend à Delhi, pour nous conduire à l’hôtel, où nous retrouvons enfin le confort d’une vraie douche chaude ! Avec notre dernière journée, qui sert de sécurité si l’avion de Leh ne pouvait venir pour cause de mauvaise météo, nous visitons le sanctuaire d’Okhla, non loin de Delhi. Vaste zone humide sur la rivière Yamuna, nous y observons quantité d’oiseaux, avant de rentrer en Europe.